mardi 9 juin 2009

Petit Frère

Pourquoi faut-il que ce soit si compliqué d’être frère et sœur dis-moi ? Toi mon petit frère, que je vois toujours si petit, toi qui a pourtant grandi, toi qui est un homme maintenant, toi avec qui je n’arrive pas à communiquer, toi à qui j’aurais tant à dire, de mon inquiétude, mon soucis, ma peine aussi, peux-tu me le dire ?

Nous nous entendions si bien pourtant petits. Bien sûr nous nous disputions. Mais nous étions proches, serrés l’un contre l’autre dans les pleurs quand les disputes de nos parents devenaient trop insupportables. Unis dans la découverte des cadeaux cachés avant Noël. Unis dans la peine, peut-être est-ce ce qui nous a éloignés…

Nous avons suivi chacun notre voie, élaboré notre conception de la vie. Rejetant tous deux le modèle parental. Et nous voici maintenant incapable d’échanger plus de trois mots. Comme si tout ce passé restait entre nous et nous empêchait d’en dire plus pour ne pas éclater. Comme si l’indifférence nous aidait à ne pas dire ce qui semble vouloir venir.

La réponse que tu as trouvée au malaise que tu ressens m’inquiète beaucoup. J’aimerais être capable de t’en parler. Capable de te dire ces mots qui naviguent en moi, qui me montent les larmes. J’aimerais te faire comprendre que contrairement à ce que tu sembles penser, j’accepte ton mode de vie, je respecte tes choix. Je pense même les comprendre de plus en plus. Mais chaque fois que je tente de me rapprocher, tu sembles sur tes gardes, comme si je pouvais te faire mal. Peut-être sont-ce ces mots d’amour fraternel que tu redoutes…

Toujours est-il petit frère que, quoi qu’il arrive, je voudrais juste que tu saches que je serais là. Tu peux m’appeler, je viendrai. Que ce soit pour une bonne ou une triste nouvelle, je suis là, moi, ta grande sœur, comme je l’étais quand nous étions plus jeunes. Je veux te le dire et redire, j’ai peur que tu ne l’oublies…






Texte en réponse à la consigne 76 de Kaleïdoplumes. Cette consigne est bizarement tombée à un moment où je ressens de nouveau le besoin de parler de choses plus personnelle que les sujets que j'ai pu aborder ailleurs. Je ne sais pas si je le ferai ici. La consigne tombait à point, c'est tout.

J'ai déjà parlé de mon petit frère ici, il y'a plus de deux ans et en retrouvant la note, je me suis rendue compte que c'était au final la même émotion qui en ressortait. Du moins, pour moi. A l'époque mon frère avait répondu en commentaire qu'il pensait à moi aussi.

Depuis, nos relations se sont encore distendues, j'ai très peu de nouvelles de lui. Et quand il arrive que nous ayons l'occasion de nous voir, finalement, nous avons l'impression de n'avoir rien à nous dire. C'est peut-être le cas. Mais je tenais mettre sur "papier" ce que j'ai écrit aujourd'hui, parce que quelles que soient nos relations, il reste mon petit frère.

On m'a suggéré de lui donner ce texte, qu'il sache vraiment ce que j'ai en tête. L'idée me séduit mais je cherche le courage, comme à chaque fois qu'il s'agit de faire quelque chose de "risqué". Quel est le risque ? Au début, je n'en voyait pas. En y repensant, je me demande s'il comprendra.

Alors Petit Frère, s'il t'arrive encore de passer par ici (avant que je ne prenne mon courage à deux mains), fais-moi signe :)