vendredi 25 mai 2007

Dehors

Le samedi, c'est plus tranquille. Il y a moins de monde. Je peux accompagner les enfants pour aller jouer dehors. Les autres jours, je préfère éviter de les voir, les autres femmes, si soumises, si éteintes. Je ne suis pas comme ça, pas encore. Quatre ans que ça dure, je n'aurais jamais cru tenir si longtemps.

Quand je l'ai rencontré, il m'a sorti le Grand Jeu : restaurant, cadeau, romantisme et galanterie. Il m'a vite appris qu'il était du voyage. Ma mère m'a dit de ne pas le suivre. Mais j'étais amoureuse. Il me disait que j'étais belle, la plus belle pour lui, que je le serai toujours. Ça a duré six mois. Puis je suis tombée enceinte, je suis devenue difforme. La Baleine, c'était moi, c'était mon nom. Le Petit Cœur du début de mariage est devenu une Grosse Vache. Il ne me touchait plus. Du moins pas comme un mari touche sa femme. Non.

Quand Sophie est née, j'ai pris ma première gifle, pour m'apprendre à faire un garçon. J'aurais dû réagir et partir. J'ai cru qu'il m'aimait encore. J'ai accouché de François un an après. Il était heureux d'avoir un fils. Un temps ... François n'a pas fait ses nuits tout de suite. Et dans une caravane en pleine chaleur, difficile de calmer un bébé qui pleure, surtout quand sa sœur le suit. Lui, ça l'a rendu nerveux.

C'est en revenant de l'hôpital, le bras en écharpe, que j'ai enfin remarqué à quel point les autres femmes étaient éteintes. Une lueur s'est allumée en moi. Tant que je ne serai pas comme elles, j'aurai encore une chance, mes enfants aussi. C'est ce qui m'a fait tenir jusque là. Aujourd'hui les enfants sont assez grands, ils pourront me suivre.

Alors, c'est décidé, je pars. Je vais profiter de son absence samedi. Ça tombe bien, le samedi c'est plus tranquille. Il y a moins de monde. Je pourrai accompagner les enfants, pour aller jouer, dehors.


Pour la consigne 47 de Paroles Plurielles.

vendredi 11 mai 2007

Soyons cool ...

... en attendant quelque chose de plus consistant ....


samedi 5 mai 2007

Minute poétique.

Voici un poème que j'aime beaucoup et qui chaque fois m'amène la larme à l'oeil.
Les mots eux même me touchent, par la beauté de leur arrangement et de leur sens. La fraîcheur du val si beau qu'on aimerait nous aussi nous y reposer finit par impression par le contraste entre le décors bucolique et la froide horreur de la mort, entre la nature si vivante et l'homme si calme. La date à laquelle il a été écrit n'est pas non plus vide de signifaction ... 1870 ... Je vous laisse apprécier ...

Le Dormeur du val

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pale dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font plus frissonner sa narine;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au coté droit.

Arthur Rimbaud, 1870

vendredi 4 mai 2007

Quand je repense...

... à mes années collège et lycée, il y a une question qui revient régulièrement.

Pourquoi est-il si mal vu d'écouter en cours, de s'intéresser, d'interroger les profs et d'essayer de comprendre ce dont il s'agit ? C'est même encore pire quand on a compris, quand on sait répondre aux questions et qu'on essaie d'aller un peu plus loin que le simple cours.
Quel mal ai-je fait et à qui à cette époque en étant tout simplement bonne élève ?

Les gamins sont très cons. Et ils le restent longtemps. Gamins. Et cons aussi. J'ai été gamine, je le suis encore parfois (souvent ?). Mais jamais je n'ai repoussé une personne parce qu'il ou elle ne travaillait pas assez bien pour être copain / copine. Alors que l'inverse m'est souvent arrivé.
C'est vrai aussi que pour ma part j'étais physiquement et mentalement l'archétype de l'intello, lunettes en moins. Mais le pire c'est que le comportement de mes "camarades" de jeu ne faisait finalement que m'enfoncer dans cette attitude.
Quand on est seul, on a des activité solitaires. Un bon exemple est mon attachement à la lecture, dont j'ai parlé dans mon premier blog. Je crois que si j'avais eu des "ami(e)s" au collège j'aurais certainement moins lu, j'aurais moins écouté en cours ... Mais bon, c'est comme ça. Et puis, je n'aurais pas la vie que j'ai actuellement et qui me convient très bien. Il y a du bon en tout ...

Je me demande surtout de quoi vient ce comportement de rejet. Est-ce que ça vient des parents ? Ou bien des gamins eux-même ?
Je m'explique :
Sont-ce les parents qui à force de pousser leurs enfants au travail leur font prendre en grippe ceux qui peuvent leur être servis en exemple ?
Ou bien est-ce une réaction inconsciente des enfants qui les pousse à rejeter ce qui leur est différent ?

Toujours est-il que ces questions, qui à mon avis n'ont pas de vraie réponse, m'ont souvent turlupiné et me turlupinent encore.
Mes parents me disaient que les autres étaient jaloux de moi. Mais de quoi auraient-ils pu être jaloux ? De mon style moche inimitable (hum !) ? De ma timidité maladive ? De ma tendance à fondre en larme à la moindre remarque ? Je n'ai jamais compris cet argument. Alors que, moi, j'aurais tellement aimé être comme eux ! Je n'avais rien qui puisse rendre jaloux. Du moins dans la tête d'une gamine de 14 ans. J'étais la risée des garçons et le faire-valoir des filles. Le seul moment où je devenais intéressante, c'était quand il y avait un travail de groupe à faire ou quand les compagnons "de jeu" habituels n'étaient pas dispo. Le pire étant je pense que j'étais cruellement consciente de ce rôle de bouche-trou. J'en ai souffert ... et quand j'y repense, je me rends compte que j'en souffre encore. Et la première question que je me pose quand je rencontre quelqu'un pour la première fois est : "Mais ... qu'est ce que je vais bien pouvoir dire pour ne pas passer pour une conne, vite, trouver quelque chose d'intéressant ... vite !". Et patatraf, je sors une connerie plus grosse que moi (faut le faire !).

J'ai depuis ce temps là continuellement été assaillie par cette obsession de plaire. Je commence peu à peu à agir comme bon me semble ou presque, sans me soucier du regard des autres mais c'est encore très difficile.
Ce qui m'a fait du bien c'est de pouvoir être coquette, trouver comment me mettre en valeur, comment d'une certaine manière influencer favorablement mon interlocuteur par mon aspect avant de parler. J'ai même appris à en jouer parfois. Mes parents étaient et sont toujours favorables au 100% naturel ou presque. Pas de maquillage, pas de chichis, pas de frais inutiles en produits cosmétiques, rie, de tout ce qui fait qu'on peut finalement avoir l'impression de se sentir mieux dans sa peau. Quand les filles autour de moi découvraient le maquillage, la coiffure et autres bonheurs féminins, moi je devais me contenter d'imaginer ce que ça donnerait. Je me souviens d'une fois où des filles de ma classes venues travailler chez moi avaient décidé de me "relooker". Elles m'ont coiffée, maquillée et même habillée. elle avaient réussi à transformer une tenue de première de la classe en un ensemble assez sexy je dois dire ! Ce n'était pas forcément une réussite, un peu trop "trop" à mon goût, trop maquillée, trop sexy. Mais ce jour là j'ai senti le regard des autres sur moi changer. Des garçons qui ne m'avaient jamais regardée avant s'étaient soudain rendu compte que j'étais là, par exemple. Quel bien ça m'a fait. Bien sûr en rentrant je suis redevenue la petite fille sage que mes parents connaissaient. Et je n'ai jamais eu l'audace de me maquiller en cours de route pour le collège par exemple, de peur que les professeurs n'en parlent à mes parents. C'est bien connu, les profs parlent aux parents du physique des enfants. On est naïf à cet âge (enfin je l'étais !).

Je n'ai vraiment pu commencer à laisser sortir ce que je suis qu'en seconde, lors de mon année d'internat. Il y avait encore trop de petite fille soumise en moi pour que l'"émancipation" soit totale. Mais c'est là que j'ai vraiment pris conscience que je n'étais pas obligée de vivre comme mes parents le souhaitaient. Peu à peu j'ai découvert un certain pouvoir de séduction en moi. J'entends par là la capacité à retenir l'attention de quelqu'un, amicalement ou non. Mais c'est en première que j'ai compris que j'avais finalement un peu plus de caractère qu'un poulpe et que je pouvais lier une relation amicale avec quelqu'un sans forcément devoir me soumettre à tous ses désirs. C'est là aussi que j'ai séduit un garçon pour la première vraie fois. Là aussi que je me suis laissée embobinée très bêtement pour en arriver à un acte que je regrette encore amèrement aujourd'hui. On rêve toute d'une première fois parfaite. Malheureusement, ça n'a pas été le cas pour moi. Moi trop jeune et trop naïve. Lui trop vieux et trop égoïste. Si je pouvais revenir en arrière et recommencer ! J'ai longtemps laissé ça enfoui très profond en moi. Au point que je n'en ai jamais parlé à mon vrai premier copain "durable". Je n'ai jamais osé lui avoué qu'il n'était pas le premier comme moi j'avais été sa première. Il l'a appris accidentellement, ça faisait un an que nous étions ensemble, et m'en a cruellement voulu. Et me l'a fait payé ...

Assez de souvenirs pour aujourd'hui. Je continuerais peut-être un jour, s'il me reprend l'envie de me raconter un peu.

Bonne journée à tous.