samedi 5 mai 2007

Minute poétique.

Voici un poème que j'aime beaucoup et qui chaque fois m'amène la larme à l'oeil.
Les mots eux même me touchent, par la beauté de leur arrangement et de leur sens. La fraîcheur du val si beau qu'on aimerait nous aussi nous y reposer finit par impression par le contraste entre le décors bucolique et la froide horreur de la mort, entre la nature si vivante et l'homme si calme. La date à laquelle il a été écrit n'est pas non plus vide de signifaction ... 1870 ... Je vous laisse apprécier ...

Le Dormeur du val

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pale dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font plus frissonner sa narine;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au coté droit.

Arthur Rimbaud, 1870

1 commentaire:

  1. Un des poemes preferes... je me souviens l'avoir decouvert toute jeune, et il m'a marquee. Merci :)

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